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Comment Patrick Devedjian a viré Luc Chatel de son bureau
Par Julien Martin | Rue89 | 10/12/2008 | 19H25
L'arrivée du nouveau ministre de la Relance n'est pas passée inaperçue. Nommé vendredi, Patrick Devedjian prend son rôle très au sérieux. Au point de vouloir s'installer dans ses quartiers l'après-midi même.
Peu lui importe qu'ils soient déjà occupés. Et pas par n'importe qui: Luc Chatel, secrétaire d'Etat à l'Industrie et à la Consommation, porte-parole du gouvernement… La divulgation de l'anecdote, qui a fait le délice ce mercredi d'une des "mares" du Canard Enchaîné, n'a pas plu à tout le monde !
Reconstitution heure par heure de ce moment révélateur des petites pratiques gouvernementales.
9h30. François Fillon appelle Luc Chatel: "Je veux que tu sois là." "Là", c'est au séminaire gouvernemental, prévu dans l'après-midi mais que le porte-parole avait eu l'autorisation de sécher pour cause de présentation du projet de transformation de la ville de Chaumont (Haute-Marne), dont il est maire. Pas encore à Chaumont, mais alors en déplacement à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), dans ses habits de secrétaire d'Etat, Luc Chatel pense aussitôt au poste de ministre de la Relance. Il jure évidemment, comme Patrick Devedjian, qu'il n'a rien demandé et qu'il n'est pas au courant des tractations...
11h30. François Fillon rappelle Luc Chatel: "Tu es libéré pour cet après-midi, Patrick Devedjian a accepté le poste. Je t'informe que tu étais numéro deux." Il apprend qu'Eric Woerth était aussi dans la "short list".
14h30. Le secrétaire général du gouvernement, Serge Lasvignes, appelle à son tour Luc Chatel: "Pourriez-vous libérer vos bureaux de l'Hôtel de Cassini pour que Patrick Devdejian y installe son cabinet? Vous serez relogés au-dessus, dans les bureaux de la Direction générale de la fonction publique (DGFP)." Le secrétaire d'Etat accepte. Du fait de sa double casquette gouvernementale, secrétaire d'Etat et porte-parole, Luc Chatel dispose en effet de la plupart de ses bureaux à Bercy, mais aussi d'une dizaine de pièces au rez-de-chaussée de l'Hôtel de Cassini. Bâtiment où sont également logés dans les étages les 150 fonctionnaires de la DGPF.
Bâtiment, surtout, mitoyen de Matignon. D'où le choix d'y installer Patrick Devedjian, le ministre de la Relance ayant été placé sous l'autorité du Premier ministre.
14h45. Luc Chatel en informe ses plus proches collaborateurs, dont certains ont aussi un double bureau, à la fois à Bercy et à l'Hôtel de Cassini. Eux sont beaucoup moins enclins à s'exécuter, mais le secrétaire d'Etat se montre ferme: "Il faut être flexible, et puis il est ministre et je suis secrétaire d'Etat." Lesdits collaborateurs foncent alors faire leurs cartons.
17h15. Le séminaire gouvernemental est à peine terminé que Patrick Devedjian se dirige déjà vers ses nouveaux bureaux. Sur le chemin, coup de téléphone du secrétaire général du gouvernement: il apprend que non seulement Luc Chatel et ses collaborateurs n'ont bien sûr pas eu encore le temps de débarrasser leurs affaires, mais qu'en plus, les étages sont et resteront, encore un moment du moins, occupés par la DGPF.
Le directeur adjoint et le chef de cabinet de Luc Chatel accueillent alors un Patrick Devedjian énervé. Le premier lui indique aussitôt: "Je vous dégage tout de suite un coin de bureau pour que vous puissiez installer un ordinateur." Le nouveau ministre, vexé de se voir dicter sa conduite, le renvoie dans les cordes: "Je n'aime pas votre regard, baissez les yeux!"
Des conseillers de Matignon qui l'accompagnent regardent ébahis Patrick Devedjian, qui accorde généreusement un quart d'heure pour que place nette soit faite. Mais il ne reviendra que le lendemain. Toute la nuit, les conseillers ont déménagé à l'étage leurs affaires.
A 15h00, le samedi, les bureaux du rez-de-chaussée étaient libérés.
Vivement le grand remaniement!/quote]